”Tout le monde peut chanter. Ça a toujours été la place de la musique d’être associée à des conteurs, des pièces de théâtre, des films, des meetings, des révolutions” rappelle Jean Rochard, producteur de disques indépendant se déclarant ”artisan-activiste”. Il décrit ainsi sa passion : ”La musique fait partie intégrante de mon langage.”
Présent dans notre studio avec Christelle, ils font vivre tous les deux le label nato (nom d’un cousin de Géronimo) qu’il avait lancé en 1980 à l’âge de 23 ans. Déjà, deux ans plus tôt il avait créé le festival de Chantenay-Villedieu, petit village près du Mans où il est né. Vont s’y rencontrer des musiciens de jazz français tels Michel Portal, Bernard Lubat, Martial Solal, puis beaucoup d’autres de la scène anglaise ou de la nouvelle vague américaine.
Parmi ceux qui l’ont influencé dans son métier, il cite Gérard Terronès (labels Futura et Marge), qui anima pendant 26 ans l’émission Jazz et liberté sur Radio Libertaire et organisa des concerts de jazz au bar anarchiste parisien Le Trou noir.
Ayant produit plus de 200 albums, il a connu de nombreux musiciens : ”Chaque rencontre est une une aventure, ce sont les rencontres humaines qui prévalent”. Certains l’ont accompagné de longues années, tel son ami le batteur Jacques Thollot ou le britannique Tony Hymas, pianiste et compositeur. Ce dernier a collaboré avec nato pour des CD aussi variés que Oyaté, portrait musical de 12 chefs indiens, Origine du monde, en lien avec Gustave Courbet et la Commune de Paris, ou Tony Hymas joue Léo Ferré.
D’autres disques à thème tels Érik Satie, Jean-Luc Godard ou Buenaventura Durruti, lui permettent de collaborer avec des photographes, des illustrateurs, des rédacteurs de textes, pour de magnifiques livrets dépassant parfois la dizaine de pages : ”J’adore les propos multiples qui peuvent s’exprimer ensemble”.
Il a écrit plusieurs livres : Sur la piste de Big Foot rappelant le massacre de plus de 300 indiens à Wounded Knee en 1890, Le jazz en 101 citations avec Pierre Tenne, membre comme Jean Rochard du groupe de producteurs indépendants Les allumés du jazz.
Il s’interroge sur la place aujourd’hui pour la musique alors que l’on est noyé ”par l’évolution technologique, la pression sociale, la publicité, le zapping et la communication qui n’en est pas”.
~ ~ ~ ~
