Francis Linart, notre invité, est un des animateurs de la revue en ligne Les Obscurs, dont un des premiers textes ”Sans attendre” affirme : ”On ne va pas attendre cent ans pour vivre libre”, qui renvoie à la phrase ”Ce n’est pas dans cent ans qu’il faut vivre en anarchistes”.
Les anarchistes individualistes, qui se reconnaissent dans ce précepte de Libertad, ont une vingtaine d’années dans les premiers jours du vingtième siècle. Ils se définissent comme des ”en-dehors” et refusent de se soumettre à l’ordre social dominant, à l’exploitation du salariat : ”Travailler librement, aimer librement, nous revendiquons toute la vie” pouvait-on lire dans le journal l’anarchie sous la signature de Victor Kibaltchiche, futur Victor Serge.
Avant les dérives illégalistes de certains, ils ont concrétisé leur refus des normes et préjugés de la société, inventant d’autres relations entre hommes et femmes, adultes et enfants.
La communauté d’habitat installée dans une grande maison au 22 rue du Chevalier de la Barre à Montmartre, le ”Nid rouge” pour la police, en était un noyau essentiel. Avec l’objectif de l’émancipation individuelle, ils animent diverses initiatives qui les rattachent au courant anarchiste éducationniste : les ”Causeries populaires”, le journal L’anarchie, ”Libertaire-plage” colonie de vacances pour adultes et enfants à Chatelaillon près de La Rochelle, le projet inabouti d’une école pour les enfants du quartier, alternative à l’école confessionnelle et à l’école laïque qui apprend ”le respect de l’armée, de la patrie, de la propriété et l’infériorité de l’étranger”.
Les femmes sont nombreuses dans le groupe. Elles militent contre le mariage et la prostitution, pour le contraception et l’égalité avec les hommes. On peut notamment citer Anna Mahé, Rirette Maîtrejean, Émilie Lamothe, Jeanne Morand.
”La vie, toute la vie est dans le présent. Attendre, c’est la perdre”, L’anarchie.
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